Emotions, sensations ou sentiments ?

Combien d’émotions pouvez-vous nommer ? En quoi se différencient-elles des sentiments ? Et des sensations ?

J’ai posé cette question à des dizaines de personnes et rares sont celles qui ont dépassé les 10, et pas beaucoup connaissent la différence.

Plus que les autres, les hypersensibles sont exposés à toute la palette des émotions, des sensations et des sentiments. Cette grande sensibilité n’est pas nécessairement associée à la capacité d’écouter et de comprendre le ressenti. Il n’est pas rare, par exemple, que la faim soit perçue comme de la colère.

Qu’ils soient positifs et agréables ou négatifs et pénibles, émotions, sensations et sentiments sont tous des sources potentielles de surstimulation, hyperexcitation, stress et, sur le long terme, même de burn-out.

Bien avant d’être un problème, les trois sont un moyen d’expression, un vrai langage : les comprendre, savoir les écouter est indispensable pour sortir de la boucle surexcitation, hyperstimulation, démoralisation, somatisation…

Apprendre le langage parlé par notre corps et notre inconscient est un voyage fascinant, toujours enrichissant, parfois surprenant et même exaltant. Il est au cœur de mon travail d’accompagnement de la personne hypersensible et donne des très bons résultats sur le plan physique, émotionnel et de la qualité de vie.

Voici donc quelques éléments de compréhension de ce “langage” :

Les sensations sont des réactions à des stimulations sensorielles externes et internes ; elles envoient des informations cruciales pour notre survie telles que le froid, le chaud, la douleur, la faim. L’arrêt de la stimulation sensorielle provoque la fin de la sensation.

Les émotions sont des réactions physiologiques éphémères à des stimulations visuelles, auditives, olfactives ou kinesthésiques dont la fonction est de produire une réaction appropriée à la situation et maintenir l’intégrité de l’organisme. Leur fonction est de nous alerter sur un besoin et de rendre disponible l’énergie pour l’action nécessaire à la satisfaction de ce besoin. Leur courte durée est caractéristique : l’émotion ne survit pas à la disparition de sa cause.

Le modèle proposé par Robert Plutchik avec la roue des émotions fait état de 4 émotions fondamentales primaires (la peur, la colère, la joie, la tristesse) et de 4 autres émotions fondamentales secondaires (la confiance (liée à la joie), le dégoût (lié à la tristesse), l’anticipation (liée à la colère) et la surprise (liée à la peur). Les émotions sont associées en paires d’opposés : la joie et la tristesse, la peur et la colère, le dégoût et la confiance, la surprise et l’anticipation (voir tableau ci-dessous).

Lisa Feldman Barrett dans son excellent livre “How emotions are made” nous explique que, contrairement à ce qu’on croit, ce ne sont pas les éléments externes, tels qu’un chien qui aboie, qui provoquent les émotions telles que la peur, mais notre cerveau qui anticipe ce qui pourrait se passer sur la base de la moyenne de nos expériences passées pour nous y préparer. Cette notion est fondamentale pour réduire l’impact et la force de nos émotions indésirables : vous n’êtes pas obligé de les subir et vous pouvez réduire leur intensité.

Roue des émotions de Robert Plutchik.